chiquito

La fin de l'innocence

Dans les années 80, j’avais 20 ans, je vivais entre la France et l'Afrique, et j’étais homoparent. Cette série raconte mon histoire, ma contribution aux luttes contre la déshumanisation et ma vision du monde.

Chiquito, c'est le surnom que mon arrière grand-mère maternelle m'a donné. Je suis né dans un corps à la croisée de plusieurs oppressions systémiques : Racisme, néo-colonialisme et homophobie. Mon engagement militant et artistique en sont le fruit.

Le décès de mon père, premier journaliste politique congolais et fervent anticolonialiste, en 1983 alors que j'étais adolescent, fut le déclencheur de mon envie d'agir concrètement contre les inégalités. Cela m'amènera à considérer la désobéissance civile comme un devoir.

Mais si c’est là que je situe la naissance de ma prise de conscience, je sais en revanche avec certitude que très jeune enfant déjà j’avais en moi ce sentiment de révolte et de colère face à l’injustice. Et ce, d'abord en raison de mon expression de genre et de ce que cela engendrait dans mon quotidien. Et ensuite en raison de ma couleur de peau. Je ressentais le rejet et le mépris, sans comprendre pourquoi, sans pouvoir mettre de mots.

Je ne savais pas encore qu’être à la fois africain, noir, efféminé et homosexuel c’était trop pour un seul et même être humain. Beaucoup trop. Et que l’histoire m’avait déjà condamné et assigné à l’obéissance, l'indignité et à l'infériorité.

C'est ce que j'ai refusé, et toute ma vie a été une révolte contre toutes injonctions déshumanisantes, et principalement celles de la dite "normalité" excluante.

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"Il y a des années qui apportent des questions et des années qui apportent des réponses." Zora Neale Hurston
 Mon arrière-grand mère maternelle , s'appelait Téréza, elle est née au début du 20 ème siècle, et était la fille d'une cabindaise et d'un portugais. 1950
 3 générations de femmes fortes.
Mon arrière-grand mère, ma grand-mère, ma grand-tante, ma tante et ma mère. 1950
 Au centre, André-Bernard Samba, mon père biologique, Paris,  France, 1962
 Ma mère et moi, Brazzaville, Congo, juin 1969
 Mon frère & moi, Brazzaville, Congo, 1972
 Maman & le général Yhombi-Opango, 1977
 Au premier plan, ma soeur, mon frère et moi, Jardin d'acclimatation, Bois de Boulogne, France, 1978
 La Défense 1, Courbevoie, France, 1982
 N'sele, Kinshasa, Zaïre, 1983
 Lettres de mon père adoptif, Thy René Essolomwa Nkoy Ea Linganga, Kinshasa, Zaïre, 1984
 Dans les années 90, je suis tombé malade, atteint par la forme grave d’une maladie systémique, appelée la sarcoïdose. Les effets secondaires du traitement par corticothérapie, ont engendré une situation de handicap.
 Lolita, Cotonou, Bénin, 1995

Ma fille est décédée en 2002, de la leucémie de Burkitt. Elle est morte faute d’avoir obtenue, dans les délais, son visa d’entrée en France, malgré le fait que je sois français. Mais, surtout, elle est morte en raison de l’incapacité d’un pays riche comme le Congo de pouvoir prendre en charge médicalement sa population.
 Je rejoins Act Up en juin 2000, suite à une décision prise en 1996 après l'intervention de Christophe Martet au Sidaction.
 Régis & Julien, Pointe des Châteaux, Guadeloupe, 2001

« Au-delà de ce qui fait la colère d'Act Up, il y a toujours eu aussi une dénonciation de la norme, de ce qui devrait décider de ce qui est bien, de ce qui est mal, de si nos vies sont correctes ou pas. »
 Londres, Angleterre, 2007

Mon corps est un champs de luttes, en raison de mes identités multiples devenues discriminantes : Bakongo, Homosexuel, Africain, Français et Homoparent...